LES CULTURES ET EPOQUES
Retour accueil Le biface est l'outil emblématique de l'Acheuléen qui est le principal faciès culturel du paléolithique inférieur. Le terme d'acheuléen fût créé par G. de Mortillet en 1872, en référence au site de Saint Acheul (faubourg d'Amiens) où de nombreux bifaces furent récoltés dans la moyenne terrasse de la Somme. Henri Breuil en proposa une subdivision en 7 parties en s'appuyant sur la stratigraphie des terrasses de ce fleuve mais il convient de retenir pour l'Europe occidentale la classification plus générale de François Bordes en Acheuléen ancien, moyen et récent. A noter que les termes de Chélléen et Abbevillien qui désignaient des faciès antérieurs n'ont plus à être employés; l'abbevillien reste à utiliser uniquement dans un sens typologique pour certains bifaces plus grossiers. Cette culture acheuléenne, comme mentionné précédemment, prend naissance en Afrique de l'est et offre toute une panoplie d'outils; le biface est bien sûr le plus remarqué et remarquable mais d'autres pièces présentent un grand intérêt également: les hachereaux (taillés essentiellement sur éclat), les pics, racloirs, denticulés, encoches, polyèdres.... Les pourcentages de bifaces par rapport aux pièces sur éclats et aux autres outils sont très variables selon les sites: - élevé pour les sites français comme Cagny La Garenne, Cagny l'Epinette, Saint Acheul, Gouzeaucourt - faible pour Bapeaume les Osiers, le Lazaret.... Certains sites attribués à l'acheuléen présentrait même que 2% de bifaces, ce qui est pour le moins paradoxal! Par ailleurs, le débitage Levallois peut être présent ou non, selon les régions et les époques. Pour les sites africains, des cultures à forts ou faibles pourcentages de bifaces se succèdent alternativement, faisant douter du terme consacré d'acheuléen pour les définir; un seuil de 40% de bifaces (ce qui semble fort élevé) est donc parfois retenu pour leur attribution à l'acheuléen. Ne pas oublier que des cultures peuvent se succéder et pas obligatoirement dans un sens de progrès techniquement constant (régression ou tout simplement autre culture en parallèle comme se fût le cas avec les galets aménagés). La culture acheuléenne va perdurer très longtemps jusqu'à environ -150 000 ans avant le présent. Son stade final est appelé Micoquien en raison de bifaces particuliers trouvés sur le site de la Micoque à Tayac; ces bifaces sont allongés, à base épaisse, à extrémité fiine et surtout aux bords concaves. La culture acheuléenne prend fin lors de son remplacement par l'industrie lithique du paléolithique moyen. Le Moustérien, faciès culturel de ce paléolithique moyen, revêt différents aspects, avec une profusion d'outils sur éclats très souvent à débitage Levallois, et conserve encore des bifaces. Ces derniers sont généralement plus fins en épaisseur, de dimensions plus réduites et sont attribués à un Moustérien de tradition acheuléenne . Aucun biface ne sera plus taillé par un homme préhistorique au delà de 35 000 ans BP. Il était l'oeuvre des derniers Néandertaliens qui seront supplantés par l'homme de Cro Magnon. Essai de chronologie: En dehors de tout contexte de fouille et de stratigraphie, il n'est pas aisé de donner une ancienneté relative aux bifaces les uns par rapport aux autres, même en constatant une évolution dans la technique de taille (moindre épaisseur) et en se basant sur les formes (miniaturisation). Il est cependant possible d'attribuer préférentiellement l'apparition de certains bifaces à certaines époques sur notre territoire (selon François Bordes et d'après les glaciations alpines): - Mindel (de 650 000 à 350 000 ans BP) : abbevilliens - Mindel-Riss: amygdaloïdes, ficrons - Riss (de 300 000 à 130 000 ans BP) : lancéolés, limandes, ovalaires, cordiformes allongés, micoquiens - Riss-Würm: cordiformes - Würm (de 110 000 à 10 000 ans BP mais contreversé) : triangulaires Ces glaciations de Mindel, Riss et Würm sont corrélées avec celles de Elster, Saale et Weichsel respectivement pour la France septentrionale et l'Europe du Nord. Par ailleurs, les sites de découvertes ne permettent pas toujours une datation absolue des vestiges; l'apparition du premier biface remontrait à 1,4 millions d'années environ en Afrique de l'est (gisement Garba IV de Melka-Kunturé en Ethiopie) et probablement vers 600 000 ans pour la France (vallée du Cher).